Les jeunes ne perçoivent plus le patrimoine comme quelque chose de lointain. Ils s'y intéressent activement, par exemple en le photographiant, en le mettant en scène et en l'intégrant à leur expression créative quotidienne.
Helly Tong, connue pour son mode de vie écologique, met souvent en valeur son élégance et son attachement à la culture vietnamienne à travers des photos de sites historiques. (Photo : Avec l’aimable autorisation de Helly Tong)
Hanoï (VNA) – Une nouvelle tendance émerge chez les jeunes Vietnamiens : mettre en valeur leur patrimoine par le biais de photos, de performances et des réseaux sociaux.
Ce phénomène, communément appelé « flex di san » (mise en valeur du patrimoine), voit les jeunes photographier, se produire et créer du contenu sur des sites historiques, des villages anciens et lors de festivals traditionnels.
Cela les aide non seulement à exprimer leur identité, mais aussi à promouvoir les trésors culturels du Vietnam auprès d'un public plus large.
Selon le Dr Le Thi Minh Ly, vice-présidente de l'Association du patrimoine culturel vietnamien et membre du Conseil national du patrimoine culturel, ce mouvement spontané mené par les jeunes reflète une évolution significative de la société et de la culture des jeunes.
« Les jeunes ne perçoivent plus le patrimoine comme quelque chose de lointain. Ils s'y intéressent activement, par exemple en le photographiant, en le mettant en scène et en l'intégrant à leur expression créative quotidienne », a-t-elle déclaré.
Elle a souligné que les visites du patrimoine ne se contentent pas de générer des « j'aime » : elles suscitent la curiosité.
Pour légender une publication, les utilisateurs recherchent souvent le nom d'un site, son histoire, ou s'il s'agit d'un village artisanal ou d'un temple ancien, un processus qui approfondit naturellement la compréhension culturelle. Ce mélange de tradition et de technologie rend le patrimoine plus vivant que jamais.
Quand un jeune porte un « ao dai » dans la cité impériale de Hué ou une robe des minorités ethniques sur le plateau de pierre de Dong Van, dans l'ancienne province de Ha Giang (aujourd'hui province de Tuyen Quang), il ne s'agit pas seulement d'un « enregistrement », mais d'un acte de transmission culturelle à des milliers d'abonnés sur les réseaux sociaux.
Des albums photo soignés, de courts extraits riches en informations sur les vestiges ou des tendances en matière de restauration de costumes et d'instruments de musique traditionnels inspirent fortement et durablement la jeune communauté.
Ils insufflent une nouvelle vie à des espaces culturels oubliés.
Le Dieu Hanh, directrice du Festival des arts de la jeunesse 2025, a déclaré que le programme filmait intentionnellement dans des lieux riches en patrimoine, comme le temple Kim Ngan ou la salle de réunion de Quang Dong, où les jeunes artistes portent des costumes traditionnels. « Ces vidéos deviennent virales car elles sont visuellement belles, culturellement authentiques et émotionnellement fortes », a-t-elle expliqué.
La cinéaste Nguyen Nhu Khoi a déclaré que lorsque les artistes créent dans des lieux patrimoniaux, ce n'est pas seulement un décor. Cela transforme la tradition en art vivant et moderne.
Mais la popularité implique des responsabilités.
De récentes controverses, telles que des comportements inappropriés lors de défilés en costumes traditionnels, ont suscité des inquiétudes quant à des malentendus ou un manque de sensibilisation.
Une représentation au Festival des arts de la jeunesse et de l'enfance organisé par la Télévision vietnamienne. Près de la moitié des quelque 200 représentations du festival présentent des œuvres culturelles et artistiques traditionnelles. (Photo : Les organisateurs du festival)
Les experts soulignent que si la prise de photos sur les sites culturels est bienvenue, elle doit se faire avec respect.
« La flexibilité culturelle est une bonne chose, mais elle doit s'accompagner de connaissances et de responsabilités », a insisté Ly. Elle a ajouté que le patrimoine n'est pas seulement un cadre magnifique.
Il est porteur d'histoire, d'identité et d'esprit. Pour accompagner cette tendance, les experts recommandent une éducation culturelle plus créative dans les écoles et un renforcement des liens entre les sites patrimoniaux et les artistes, les influenceurs et les créateurs de contenu.
Les centres du patrimoine sont également encouragés à élaborer des codes de conduite et à organiser des événements culturels guidés. Alors que le Vietnam continue d'ajouter de nouveaux sites aux listes du patrimoine de l'UNESCO, les experts estiment que ce mouvement mené par la jeunesse peut jouer un rôle clé dans la préservation s'il est nourri avec discernement. « Lorsque les jeunes aiment le patrimoine comme il se doit, il ne sera jamais oublié », a déclaré Ly.
Avec la génération Z et les millennials en tête, le patrimoine culturel du Vietnam n'est plus seulement quelque chose à protéger. Il fait partie intégrante de la vie d'aujourd'hui.